Le Petit Cephalophore

lundi, octobre 06, 2008

Le thème paulinien de la Mission

"Malheur à moi, si je n’annonce pas l’Evangile"
(1 Corinthiens, 9, 16)
Saint Paul a franchi la Méditerranée pour semer la Bonne Nouvelle chez les païens ; c'est pourquoi ils ont franchi les océans pour aller à la rencontre des chrétiens du Pacifique.
Jean-Charles, que nous avions rencontré avant son départ (cf. infra), est de retour des JMJ. Comment a-t-il vécu cet "envoi" aux antipodes, de l’Australie au Cambodge ?
"C’est vieux, déjà !" Il faut un peu de temps pour se replonger, d’abord, dans l’ambiance de Sydney, "une ville envahie par les pèlerins, fermée aux voitures. C’était impressionnant." L’organisation est "top", le confort minimal. (Logés dans une école de banlieue, ils couchent à même le sol et prennent leur douche dans la cour... N’oublions pas que c’est l’hiver !) Jean-Charles est frappé par le nombre de groupes venus des îles du Pacifique : "Il y avait plein de Papous !". On croise aussi des Chinois, des Japonais, des Iraniens, des Turcs. S’est-il senti "missionnaire" ? Il serait tenté de répondre spontanément que non, puis se ravise : "Peut-être auprès des Australiens non-catholiques que nous avons croisés, les policiers, les personnels des transports. Ils voyaient les pèlerins joyeux." Et pour mieux montrer que le Christ est la source de sa joie, Jean-Charles porte ostensiblement son sac-à-dos "JMJ". Les contacts, d’ailleurs, sont rares.
A Cambera (à 200 km de Sydney) ils ont pu nouer quelques liens avec les paroissiens qui les ont accueillis chez eux les premiers jours : ils ont partagé l’eucharistie lors de la messe dite "des Parisiens" (un beau moment pour la jeune fille de la maison, séduite par les chants comme par le clergé français…), quelques soirées, des remarques sur le foot australien et un barbecue d’adieu.
De Sydney, Jean-Charles gardera moins le souvenir de la longue soirée pontificale (l’anglais exigeant un effort soutenu pour ces 400 000 jeunes rassemblés pour la célébration eucharistique) que de cette messe presque volée à la nuit de Hyde-Park, et célébrée par les pères Strebler et Ségui dans l’intimité d’une tente oubliée là, après la clôture des JMJ…
Le Cambodge.
Un pays très pauvre. (Du coup, les conditions de voyage sont plus dures, même pour les filles pourtant mieux loties que les garçons puisqu'elles dorment dans un lit, tandis qu'ils n'ont droit qu'à une natte et une moustiquaire !)
Le fardeau du génocide : le mémorial visité en silence, de cellule en cellule, avec le sentiment de compatir à la souffrance des suppliciés dont les photographies hantent les murs, l’envie de pleurer. (Près de deux millions de victimes assassinées par le régime khmer rouge.) Une rencontre aussi surprenante que fugitive : celle du frère de Pol Pot, un octogénaire qui vit près d'un couvent de soeurs et que la Mère Supérieure a tenu à présenter, en précisant qu'il n'avait pas appartenu aux Khmers rouges.
Une Eglise jeune aussi, une "Eglise des origines" qui parfait la traduction khmère de la Bible. Cette traduction pose évidemment le problème du langage, en tant que véhicule d'une pensée inscrite dans une culture : par exemple, comment traduire ou exprimer l'idée de "résurrection" dans un pays imprégné de culture bouddhiste et qui pense en terme de "cycles" ? Les catholiques sont peu nombreux. Il y a en revanche beaucoup d'enfants catéchisés, par un laïc khmer, une soeur canadienne, un jésuite thaï.
Un pays de mission, alors ? Certes, dans les villages, le seul fait d’être Blanc et catholique est déjà rendre témoignage de l’universalité de l’Evangile. Mais les vrais missionnaires ici sont sans doute ces enfants qui les accueillent avec bonheur. "La chaleur de l’hospitalité, le sourire des gens malgré leur pauvreté ont touché le groupe. L’un de nous a dit avoir mieux compris la messe grâce à eux". Un prêtre français expulsé durant la dictature, raconte que certains fidèles marchaient des jours durant pour traverser la frontière clandestinement et recevoir de lui la communion. Jean-Charles aurait voulu approfondir ces rencontres, demeurer plus longtemps auprès des enfants, quitte à renoncer à des visites (et des attitudes) plus "touristiques"… Il est gêné aussi, face à ceux qui ont faim, du gaspillage inévitable (?) généré par les JMJ. Son sac-à-dos, au moins, fera un heureux !
Un bilan "missionnaire" ? Jean-Charles échange aujourd’hui des mails "sur la foi " avec un jeune Australien qui signe "your brother in Christ" et qui affirme que les JMJ ont changé sa vie . Mais il s’interroge : "La mission, c’était peut-être aussi de développer une charité fraternelle au sein même du groupe, en dépit de nos regards prompts à juger, de nos différences…". Une chose est sûre : il demeure "gonflé à bloc ! ".
Propos recueillis par Dominique T.

Un autre regard sur les JMJ : celui de Thibault

Bonjour à tous, Dans un premier temps je tiens à remercier toutes les personnes qui on fait des dons à la paroisse Saint-Denys du Saint-Sacrement ou qui ont contribué à l’organisation de ce merveilleux pèlerinage : 2 jours à CAMBERRA autour de Monseigneur André XXIII, 8 jours à Sydney autour du Pape, et 10 jours à la rencontre des communautés chrétiennes du Cambodge. J’ai donc eu le privilège de participer au JMJ 2008 à Sydney. Cela a été pour moi une expérience très bouleversante. Je peux en garder des souvenirs très forts en émotion comme pendant la messe de clôture célébrée par notre Pape Benoit XVI dans l’hippodrome de Sydney. C’est impressionnant quand votre cœur se met à battre d’une vitesse affolante et que vous ressentez une joie intense. Imaginez un demi-million de jeunes de toutes nationalités différentes, rassemblés pour la même cause et qui se met à chanter cet hymne intitulé "Receive the Power" chanté en anglais, espagnol, français et italien. Ce titre fait bien sûr référence au thème des JMJ 2008 : "Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins". (Acte 1 verset 8). J’ai pris conscience pour la première fois à Sydney, que j’appartenais à une communauté dans laquelle j’avais un rôle à jouer : celui de témoigner autour de moi et à tout instant de l’amour que le Christ a pour nous. J’ai pris conscience que je ne devais pas vivre ma Foi seul mais au sein de l’EGLISE toute entière et que cette dernière était bien présente dans le monde entier : foules de jeunes à Sydney, communautés chrétiennes isolées du Cambodge qui toutes, à leur niveau et sous des formes différentes partagent la même foi, qu’ils essaient, selon leurs moyens propres, de faire rayonner autour d’eux. "Vous serez alors mes témoins" : tâche difficile qui nous a été confiée par le Saint Père à Sydney mais tellement plus simple lorsqu’on se sait porté par une communauté toute entière ! Thibault

Micro-parvis :

La mission implique d'être appelé par quelqu'un d'autre que soi. Par exemple pour les chefs scouts, c'est souvent un ancien chef qui appelle à prendre la relève. Comment voir si c'est vraiment Dieu qui est derrière cet appel ? En s'engageant et en transmettant ce qu'on a reçu, on peut sortir d'une espèce de doute solipsiste et goûter vraiment la présence de Dieu dans la mission.
Paul dit qu'il a été mis à part dès le sein de sa mère. C'est impressionnant comme perception du projet divin qui englobe chacun dès avant sa naissance, dès avant le premier acte de sa liberté. Mais alors est-ce que la mission c'est remplir un rôle où tout est programmé à l'avance ? Est-ce qu'on reste libre dans la mission ? Oui, car d'une part Dieu ne nous force pas à accepter les missions qu'il nous donne, et d'autre part quand on accepte une mission toute notre créativité, toute notre liberté est impliquée, comme l'interprète d'une partition de musique ou l'acteur de théâtre qui doit interpréter un rôle.
Paul dit aussi qu'après sa vocation il partit immédiatement en mission en Arabie et à Damas, en rompant brusquement avec la "tradition des pères" où il excellait jusqu'alors. Cela montre que la fidélité à Dieu est aussi une instance critique dans nos vies. Quand on remplit la même mission depuis des années, on est toujours tenté de reproduire chaque année ce que l'on faisait l'année précédente parce que cela marchait bien. Mais est-ce que ce n'est pas se fermer à la nouveauté de Dieu ? Est-ce que nous ne devrions pas parfois avoir la même audace que Paul et rompre avec nos habitudes anciennes ? Non pas de manière anarchique mais en fidélité plus grande avec notre vocation originelle.


 

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