Le Petit Cephalophore

dimanche, décembre 05, 2010

25 ans de la Maison Saint-Denys en parole et en image...

1985 : 
le père Chatillon ouvre la Maison
Cet été, le père Gonzague Chatillon a été nommé vicaire à Saint-Louis-d’Antin (9è arr.). Dans le nouvel appartement où il vient d’emménager, il évoque avec une pointe de nostalgie ses années passées à Saint-Denys. Et pourtant lorsqu’il avait été nommé vicaire à Saint-Paul-Saint-Louis quatre ans auparavant, son premier contact avec Saint-Denys lors d’une réunion de doyenné, face aux difficultés de l’heure, avait fait naître en  lui cette prière intérieure : « Ȏ Seigneur, si j’ai un vœu à faire, c’est de ne jamais être curé de cette paroisse ».  « L’église était misérable. Il y avait peu de paroissiens, peu d’activités pastorales, et les moyens matériels faisaient défaut », explique-t-il. Trois ans plus tard, le Cardinal Lustiger le nomme curé de ladite paroisse en lui demandant d’y ouvrir la première maison du séminaire de Paris ! « Je n’avais aucune compétence particulière pour assurer cette mission, explique-t-il en ajoutant avec modestie, je n’ai jamais compris pourquoi le Cardinal m’avait choisi ». Et pourtant ce sera un grand temps de grâces… Avec à ses côtés un ancien, plein de sagesse, René Gaudillière, prêtre de Don Bosco, et un jeune théologien, Jean-Pierre Batut (aujourd’hui évêque auxiliaire du diocèse de Lyon), il va retrousser les manches pour rendre les lieux habitables. « Nous avons invité les huit séminaristes à venir nous prêter main-forte une semaine avant la rentrée  pour  aménager et repeindre les chambres, jeter beaucoup de choses inutiles accumulées avec le temps et  par la suite, creuser un petit oratoire dans une cave  du presbytère », raconte-t-il. Pour le quotidien, il s’appuie sur « Mme Martini, gardienne  et cuisinière de l’époque qui a été notre maman » et une ancienne directrice d’école, Mlle Denizart, « qui servait de sacristine avec une fidélité mémorable ». Tous les cours ont lieu dans une salle au rez-de-chaussée et une bibliothèque est constituée. Il n’existait alors que la Maison Saint-Augustin, ouverte en 1984, qui offrait une année de formation spirituelle avant l’entrée au séminaire. Pionnier en toute chose, le père Chatillon qui n’a reçu aucune consigne, se doit de tout inventer : la journée est scandée par les laudes et les vêpres dans la chapelle de la Vierge ; une conférence spirituelle et un temps de relecture de vie communautaire alternent une semaine sur deux ; une récollection au 1er trimestre, la grande retraite annuelle au second trimestre en abbaye et quelques jours de désert au 3è trimestre pour découvrir des lieux et apprendre à s’échapper quelques heures pour trouver le Vrai silence, etc. Le père Chatillon qui reconnaît avoir une « fibre liturgique et communautaire », établit un cadre et une règle, en s’inspirant de ce qu’il avait vécu au séminaire d’Issy-les-Moulineaux. Avec une différence importante : la petite taille de la communauté et son insertion paroissiale - une intuition du Cardinal Lustiger qu’il juge « prophétique ». « La Maison a été la source de la renaissance de la paroisse », constate l’ancien curé qui a vu Saint-Denys « refleurir ». Au bout de six ans au cours desquels il se sera bien dépensé, il demandera à ne pas être renouvelé. « Il était lourd pour moi d’assurer conjointement  les charges de responsable de Maison et de curé de paroisse », confie-t-il enfin. Il laissera à son successeur, le père Ponsard, une Maison en ordre de marche et une paroisse où l’on se presse aujourd’hui pour la qualité de sa liturgie.
Propos recueillis par Sylvie H.

Les années « Ponsard »


A l'arrivée du père Daniel Ponsard comme curé à Saint-Denys, le séminaire avait 6 ans. Il se souvient : « On m'avait présenté cette initiative, confiée au père Chatillon, comme visant à booster une paroisse auparavant un peu... morne. Il avait même été question de la jumeler avec Saint-Jean-Saint-François. Pari réussi ; la présence des séminaristes redonna aux habitants du quartier l'envie de fréquenter Saint-Denys et Saint-Jean-Saint-François fut attribuée aux Arméniens. » Ce challenge, le père l'accepta avec enthousiasme : « J'ai toujours eu un bon contact avec les jeunes, tout au long de mon ministère, puisque auparavant j'étais dans l'enseignement. » Ces six années ont vu de grands bouleversements : « Au début, les séminaristes (entre 8 et 12) étaient très impliqués dans la paroisse : catéchisme, mouvement de jeunes, groupe de théâtre... Ils partaient tous en même temps, en vélo, et rentraient ensemble. Puis ils furent sollicités par un choix de cours plus vaste, des travaux pratiques différents... La vie en communauté devint moins homogène. Je n'ai pas été le seul à devoir faire preuve de souplesse, les paroissiens aussi étaient surpris ! C'est comme si une cloison s'élevait entre le séminaire et la paroisse alors qu'au début, la symbiose était vraiment très forte. » Le père admet que la charge fut lourde : « Dans un séminaire de premier cycle, on porte les craintes, les hésitations de chaque séminariste. Ils sont de bonne volonté, mais parfois déstabilisés par l'ambiance, surtout ceux issus de milieux non pratiquants... C'est un grand poids psychologique. En revanche, j'ai beaucoup reçu d'eux ! Le fait de vivre avec eux, de les aider, m’a permis ensuite de ne pas perdre la main avec les nouvelles générations d'étudiants, si différentes de la mienne, celles de l'internet, du portable et de Facebook. Je n'ai pas été dérouté. J'ai aussi un grand souvenir de la paroisse, d'autant plus rassemblée, solidaire, que située dans un quartier très marqué par le judaïsme. Le sommet a été atteint en 97, ma dernière année ici, lors des JMJ : la mobilisation a été si forte pour recevoir les Taïwanais ! Les séminaristes ont joué un rôle important d'accueil, d'animation. Être responsable d'une maison, c'est une expérience parfois écrasante, mais tellement enrichissante ! »
Propos recueillis par Marie-Christine D.  
     


Les années « Callies »




Le père Callies raconte : « La première bonne surprise, en arrivant en 1997 à Saint-Denys du Saint-Sacrement, fut de pouvoir être la fois curé et directeur de séminaire. Je venais de passer sept ans comme premier directeur de la maison de séminaire de second cycle Saint-Roch, tout en étant vicaire à Saint-André de l’Europe et aumônier de deux lycées publics. À Saint-Denys je pouvais, dans une même communauté, avoir un équilibre de vie, et de pastorale, plus unifié. J’en garde le souvenir d’une double mission qui n’est pas si bicéphale qu’il y paraît. Mais il faut que ce soit une « petite » paroisse, sinon, ce serait ingérable.
Et puis, il y a le bonheur de voir comment, peu à peu, se construit le côté pasteur de jeunes qui se préparent au sacerdoce. D’autant qu’aujourd’hui, curé de Saint-Honoré d’Eylau, j’accueille comme vicaires des séminaristes que j’ai connus à Saint-Denys. Il est alors intéressant de faire le lien entre la manière dont je les ai perçus, et celle dont ils agissent comme jeunes prêtres. Cela aide à discerner, à former son jugement. En découvrant combien des personnalités peuvent évoluer… ou non. Et combien, dans le domaine éducatif, qui est aussi celui de directeur de séminaire, il est important de faire part de tout ce que l’on ressent chez un jeune, pour ne pas regretter de ne pas avoir dit certaines choses que l’on pensait mineures ou transitoires. L’œuvre éducatrice se fait aussi dans les détails. Avec paternité mais fermeté, avec délicatesse mais lucidité.
Pour une paroisse aussi, accueillir une maison de séminaire apporte la possibilité d’avoir un regard un peu plus naïf, dans le bon sens du terme, en découvrant l’enthousiasme de ces jeunes, une certaine délicatesse, transparence, dans le sens de pureté. Cela crée une ambiance plutôt sympathique, où les divisions sont moins perceptibles, parce que chacun est content de voir des jeunes qui s’engagent avec leur désir profond. Et cela rejaillit sur l’ensemble de la communauté qui devient plus vivante, et plus vraie ». 
Propos recueillis par JLBB


Les années « Quinson »


Quelques (trop rares !) anciens séminaristes de Saint-Denys ont bien voulu nous confier un souvenir de leurs années passées chez nous :

Je me souviens de la bibliothèque et des poissons dans un aquarium qui s'encrassait rapidement malgré le soin que nous lui apportions ; je me souviens de Jacques qui nous soutenait comme organiste ; je me souviens du temps que nous avions pour étudier ; je me souviens de mes frères séminaristes dont certains sont devenus des amis. Je rends grâce pour ces deux années. Merci au père Michel Callies.
P. Gabriel Sampré 

Je me souviens d'un barbecue avec les paroissiens, dans la cour de la maison, un soir de semaine au lendemain de la fête de la musique, juste réponse du berger à la bergère pour les voisins qui nous avaient empêchés de dormir, avec des chants animés par Antoine Boulay, des tours de magie d'Alexandre Denis, la direction débonnaire du Curé Michel Callies, un moment qui nous en a appris bien plus sur la réalité de l'Eglise que bien des cours qu'il fallait endurer à l'École cathédrale.
P. Christian Lancrey-Javal

Je me souviens d'un accueil très chaleureux des paroissiens faisant contraste avec l'architecture un peu austère de l'église. Son curé de l'époque, le père Chatillon, contribuait à cette ambiance à la fois joyeuse et ancrée dans la prière, avec le concours du cher père Vallet et de notre "Mgr" Beau...
Certainement, les offices chantés à l'orgue avec les paroissiens (Laudes et Vêpres) ont rythmé la vie spirituelle, avec certaines figures pittoresques et marquantes. Comment oublier une mademoiselle Denizart et tant d'autres fidèles ?!
Et puis ce petit jardinet et cette ambiance de maison campagnarde avec ses plantations et ses animaux...
Je me souviens aussi de l'initiation à l'art chrétien avec ces conférences de haut niveau et de la déconcertante cuisine iranienne!
Très chaleureuse prière à tous et merci pour tout ce que j'ai reçu là-bas.
P. Arnaud Bancon + (séminariste vers l'année 90 (après JC)!) Basilique de Notre-Dame-des-Victoires

Je me souviens d'une soirée étonnante : nous avions invité le père Guy Gilbert à venir témoigner auprès des séminaristes... Il devait nous rejoindre pour les Vêpres... En fait, il est arrivé vers 22h30, et les plus courageux ont discuté avec lui une partie de la nuit, tandis que les autres dormaient !
Je me souviens surtout d'une belle idée : vivre nos premières années de formation en plein coeur de la ville, et en lien avec une paroisse ! Cela m'a beaucoup aidé à préparer la mission, le ministère !
Alain-Noël Gentil, prêtre à Bourgoin Jallieu, diocèse de Grenoble-Vienne.

Je me souviens de nombreux paroissiens rencontrés pendant mes deux ans à la Maison Saint-Denys. En particulier de cette femme qui avait préparé un goûter antillais avec du chocolat très parfumé à la cannelle et des petits gâteaux de chez elle. Elle avait aussi donné une image d'un saint à chacun. Elle est encore dans mon bréviaire et ainsi je pense souvent à elle.
Jean Baptiste de Barmon, diocèse de Vannes

Je me souviens d'Emma, poule (Brahma noire et reflet vert et plume aux pattes) de luxe que nous avions achetée au salon de l'agriculture en 2002 je pense. Elle avait sa petite maison de brique et faisait la joie des enfants du catéchisme !
Je me souviens de ma première Messe, que j'ai célébrée à Saint-Denys. " Ceci est mon corps, livré pour vous ".
Abbé Antoine Germain +

Je me souviens des cheveux de Roch Baumier, le frère d’Aude, Loup et Côme, qui ont pris feu pendant une procession à cause d’un porte-cierge un peu distrait...
Panique dans la procession, Loup, le grand frère, tapote les cheveux pour éteindre l’incendie, odeur de cochon grillé… Et le père Ponsard très très amusé…
Antoine Boulay
Je me souviens de ce jour où, avec A. nous avions choisi de laisser la lumière entrer complètement dans le choeur de l'église Saint-Denys, en montant sur les voûtes, pénétrant sur la verrière qui laissait passer un peu de lumière, pour la rendre véritablement transparente… A ne plus faire sans harnais et sécurité rapprochée!
Je me souviens du nettoyage des murs de ce qui deviendrait l'oratoire, à la cave, avec des marteaux spéciaux, et la pierre qui tombait dru, du côté du jardin. Et de cet autel (un pétrin), qu'il fallait nettoyer au retour de chaque vacances, parce qu'il était vermoulu. Et de ces 'pierres à eau', qui captaient l'humidité ambiante, à une vitesse maxi.
Je me souviens des travaux dans ce bas-côté de l'église, avec ces cloisons amovibles posées durant une de mes deux années de présence à la maison. Pour vider ces pièces de ce qui était en trop, nous avions tout mis le long de l'église, de part et d'autre de la porte qui donne de la sacristie vers le presbytère : le trottoir en était plein. Pourtant, quand la mairie est venue avec une petite camionnette à trois roues, elle n'en a fait qu'une bouchée !
Je me souviens des bouquets de fleurs que nous avions, en bas de l'escalier, et qui nous réjouissaient : une femme était passée, sans se montrer, discrètement, rien que pour donner à cette habitation une touche d'humanité…
Je me souviens de notre cuisinière qui, pendant une bonne année (jusqu'à sa retraite), n'a pas voulu nous faire deux fois le même plat… hormis les frites (à la poêle) du jeudi, je crois.
P. Benoît Lemoine.+ (3° et 4° rentrée dans la communauté)

Je me souviens des parties de foot avec les servants d'autel, d'une veillée mémorable lors d'une sortie paroissiale à Vézelay, de débats théologiques enflammés lors de certains repas.... et... des tiramisu de Mme Martini...
Michaël, séminariste.


Je me souviens des nombreuses joies musicales de Saint-Denys : les répétitions mémorables avec Jacques G., les improvisations à l'orgue lors de la vigile pascale, le chant des offices des ténèbres durant la semaine sainte, les chanteuses et leurs concerts enchanteurs... autant d'occasions de joie et de saints délices !
Philippe N., séminariste

Je me souviens tout d'abord de l'ambiance chaleureuse de la paroisse Saint-Denys du Saint-Sacrement (année 93-94). J'y ai eu la chance de côtoyer beaucoup de jeunes. Le groupe impressionnant des servants d'autel et les parties de foot entre l'église et le presbytère. Le KT en CE1, avec mon surnom de "patate allongée", aggravé par la sortie du film "les visiteurs" et les "okay" de "Jacquouille la fripouille". Une joie particulière à accompagner des enfants en âge scolaire au baptême. Je n'oublie pas le groupe des lycéens (voyage à Rome), un camp à la Cluza, la chorale anglaise, la kermesse, etc... Et les paroissiens adultes, laïcs en responsabilité qui, par le respect et l'affection qu'ils avaient pour ce jeune séminariste de 19 ans, lui ont appris à faire confiance et à travailler avec d'autres.
Père Jacques-Henri Justeau


 

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