Le Petit Cephalophore

dimanche, décembre 05, 2010

Du côté des paroissiens

Monsieur et Madame G. sont arrivés en 1974 à Saint-Denys. Après Saint-Honoré-d’Eylau, l’église presque déserte de Saint-Denys constitue pour eux un véritable choc. « Sinistre. » C’est également le mot qui vient à l’esprit de Madame B. quand elle s’installe cinq ans plus tard avec son mari dans le quartier. Elle se rend alors plus volontiers aux offices de la rayonnante église voisine de Saint-Paul… mais son mari estime de leur devoir « d’aller dans cette paroisse quasi-abandonnée » : retour à Saint-Denys, donc. Puis un jour, tombe une nouvelle un peu inquiétante : « Dimanche prochain il faudra que l'on compte le nombre de paroissiens présents à la messe, pour préparer la venue du cardinal ». Le compte sera vite fait : moins de quarante fidèles. Un chiffre qui, associé à des locaux paroissiaux en décrépitude et une église dépouillée de ses ornements, annonce déjà comme inéluctable la décision que tous pensent être dans l'esprit de Mgr Lustiger : après la désaffection des fidèles… la désaffectation de l'église. Ce n'est pas la vingtaine d'affiches de cathédrales de France achetées à la hâte pour servir de cache-misère, tels les décors de carton pâte alignés pour les visites de la tsarine Catherine II, qui changeront quoi que ce soit.
C'est le jour de la visite. A la surprise générale, le cardinal voit en cette communauté que tient avec énergie le père Renard, et dans cette grande bâtisse en piteux état qu'est le presbytère... la future première maison du séminaire ! Quelle intuition ! C’est l’aube d’une nouvelle naissance pour la paroisse. 
Immédiatement le changement s’opère, avec la présence dans le chœur de ces jeunes hommes là où le prêtre n’était pas même assisté d’un enfant de chœur. De jeunes bras solides également, pour soulever le fauteuil roulant de Mme G. après une opération, pour la faire entrer dans l’église (exercice qui conduira à la réalisation du plan incliné). Et c’est le KT qui retrouve une nouvelle dynamique... jusqu’à accueillir aujourd’hui environ 130 enfants ! Mme G. se souvient que le père Chatillon, nouvellement nommé, lui demande de poursuivre l’accueil (que dans l’église déserte elle tenait autrefois à la demande du curé avec la protection efficace de son chien…), tandis que Mme B. est appelée à mettre à profit ses contacts dans les milieux de la culture et de l’administration locale pour redonner à Saint-Denys un lustre (...au propre comme au figuré) digne de recevoir les futurs prêtres. Quelques années plus tard, le père Ponsard, transformé en conducteur de camion, accompagné de deux solides séminaristes, ramènera de province une douzaine de lits pour remplacer les premières couches de fortune : signe d’une espérance comblée.
Propos recueillis par Philippe Th.

Si la présence ancienne, dans notre paroisse, des Bénédictines de l'Adoration-perpétuelle-du-Saint-Sacrement porte encore notre foi, le fait que Saint-Denys ait pu renaître de ses cendres en 1985 vient conforter notre confiance en l'avenir. Il nous est difficile d'imaginer que notre paroisse, si vivante et accueillante aujourd'hui avait été presque mourante au début des années quatre-vingt. « Il fallait s'accrocher pour y rester », se souviennent les anciens. La population du quartier était vieillissante. Tout ce qui était jeune affluait vers Saint-Paul. Malgré tous les efforts du père curé d’alors et du petit noyau dur de laïcs engagés, il semblait impossible de pouvoir redresser la paroisse sans une intervention providentielle. Soudainement, il y a eu cet heureux et imprévisible changement d'état. A la rentrée 1985, le père Chatillon, quittant Saint-Paul, est arrivé avec une partie de ses paroissiens et avec le premier groupe de séminaristes. « Si, au tout début, les séminaristes n'avaient pas été impliqués dans la vie de la paroisse, leur présence en soi était immédiatement agissante. Voir ces jeunes hommes offrir leur vie pour l'Église, les avoir devant les yeux semaine après semaine, était un énorme encouragement. C'était comme si une voix nous disait "regarde, cela vaut la peine" ». Le père Chatillon mettait l'accent sur un large engagement des paroissiens et veillait à un redressement financier de la paroisse. « Il faisait des économies sur le chauffage », ajoutent les anciens, avec un petit frisson. En parallèle, la démographie du quartier commençait à changer avec l'arrivée des familles. Les passants, visiteurs du Musée Picasso nouvellement ouvert, entraient plus souvent dans l'église pour voir la Pietà de Delacroix. L’église commençait à déployer son accueil. Cette grande vague remontante n'est pas retombée. En effet, le flambeau a été repris par d'autres curés, formateurs au séminaire. La paroisse y trouvait sa bonne nourriture en abondance. 
Si aujourd'hui le nombre de prêtres est en baisse et que nous pouvons éprouver par moment quelque inquiétude quant à l'avenir proche, n'oublions pas cet exemple. Voyons aussi les signes nouveaux. « A-t-on jamais vu chez nous autant de jeunes foyers avec de petits enfants ? », s'interrogent les anciens. De quoi fortifier notre espérance…
Propos recueillis par Katarina K.                                                                                                                                                                         


 

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