Le Petit Cephalophore

mardi, mai 10, 2011

Spécial Nomades, 3ème saison

L'éditorial du père Quinson

Matriochkas ? Poupées russes ?


Vous connaissez les matriochkas ? Non ? Et les poupées russes ? Oui ! Eh bien c’est la même chose ! Ces petites poupées gigognes en bois peint qui ne se laissent découvrir que si vous ouvrez la première, puis la deuxième, le troisième, etc.…

Il en va de même ici :
Première étape, le parvis : animation musicale, buvette, parasols de couleurs et – nous l’espérons – accueil chaleureux, sont une première rencontre. Bienvenue à Saint-Denys du Saint-Sacrement pour ce festival NOMADES, troisième édition ! Cette initiative de la mairie du 3ème arrondissement a pour but de faire découvrir et de promouvoir le patrimoine artistique et culturel de notre quartier. Le thème retenu cette année est « aux sources de la création ». Merci de nous faire l’amitié de passer un moment en notre compagnie. Attention, le parvis n’est qu’une étape : il annonce d’autres gourmandises qui se savourent à l’intérieur…
Pour les découvrir - deuxième étape - il vous faudra franchir le porche de l’église : des artistes contemporains et leurs œuvres vous attendent, pour regarder, écouter, rencontrer… Vous aurez aussi la possibilité de visiter l’église (achevée en 1835) qui est connue pour la pietà peinte par Eugène Delacroix. Rencontre avec « la création artistique ».
Une autre porte peut encore être franchie. Troisième étape. Elle est étroite, plus cachée. Certains, hélas, la cherchent longtemps… D’autre repartent pensant ne jamais la trouver… Elle donne accès à un lieu plus intime. Appelons le : cœur, âme, foi, prière… Ici, l’image de la poupée russe atteint ses limites… Il s’agit plutôt de faire l’expérience intérieure d’une ouverture à plus grand que soi. « Création » devient l’écho de « Créateur »…
Enfin, une ultime étape existe. Elle suppose d’avoir franchi la troisième. C’est une fraternité particulière. Une fraternité fondée en Dieu, à laquelle le Christ donne sa plénitude. Elle ouvre à une communion universelle où l’Homme découvre enfin qui il est. Nous sommes « re-créés » pour devenir frères et sœurs les uns des autres.
Alors bienvenue et bonne recréation !
Paul Quinson, curé de la paroisse


Comment est-ce que je vis ma foi ?
Témoignages de quatre paroissiens


Témoignage de Jacqueline, 90 ans, arrière-grand-mère de vingt-deux arrières-petits-enfants, auteur :
Foi, Espérance, Charité ! Au catéchisme de mon enfance, on n’osait séparer ces « trois vertus théologales », citées (je le remarque maintenant) dans l’ordre inverse de celui de l’alphabet. Est-ce à dire que la Foi est la plus importante ?
Demandons à un inconnu ce qu’est la charité. Il tiendra peut-être un discours sur l’humanitaire. Saurai-je- lui expliquer en quoi la « Charité » selon le christianisme a d’autres caractéristiques que la B A des Louveteaux, le secours apporté au SDF couchant sous les ponts par grand froid, au passager clandestin sur une embarcation surchargée, ou au bébé abandonné ?…
Avec Matthieu, faisons l’aumône en secret : « Que ta main droite ignore ce que fait ta main gauche ! »…L’aumône de notre écoute, de notre patience, de notre tolérance peut-être ?
L’Espérance ? Le chrétien la distingue de « l’espoir » tout humain, de la superstition des naïfs, de la crédulité devant le discours habile d’un gourou envoûtant.
Mais « La Foi » ?... du mot fides selon le dictionnaire :  Foi, Confiance, Loyauté.
Qu’est-ce que la Foi, pour le chrétien ? Ai-je la Foi ?  Je me vois saisie par le doute. Que d’hésitations, combien de périodes de scepticisme, voire d’athéisme au cours de ma vie !
Par obéissance à ce que m’avait inculqué ma famille (catholique à la manière du XIXe siècle) et mes aumôniers traditionnels, j’ai respecté (à peu près !) des coutumes pieuses : messe dominicale, maigre du vendredi, confession et communion au moins une fois l’an.
S’agissait-il d’un soupçon de foi ? Ne s’agissait-il pas plutôt de conformité à des habitudes, copies de celles que j’avais constatées autour de moi…  Et peur « puérile » de l’Enfer ?
J’étais loin de la réponse du Seigneur citée par Luc «  Si vous aviez de la foi gros comme un grain de sénevé, vous auriez dit au mûrier "Va te planter dans la mer" et il vous aurait obéi ».
Est-ce parler de « ma foi », que de passer par ce constat : je n’aime pas le mot « hasard », alors que je m’y trouve si souvent confrontée : rencontres étranges, conversations inattendues, lectures éclairantes, certitude d’avoir, dans des circonstances pénibles, été protégée... Petits miracles que je recueille …  Et puis, je redoute un peu moins l’approche, inéluctable, de la mort.
Me revient en mémoire une anecdote qui a sa place dans mon cheminement.
Une cousine, contemporaine de ma mère, était profondément chrétienne. Ses épreuves étaient innombrables, son courage et sa sérénité exemplaires. Je lui avais confié : « Un jour, j’aurai six personnes à soigner. Et je ne suis pas de taille … » ! Elle m’avait répondu simplement : « Tu n’auras pas à le faire ».  Il en fut ainsi, en effet !
Est-ce là que se situe « ma foi » : plus près de l’accueil des menus ( ! ) cadeaux du quotidien que des grandes méditations devant le Saint Sacrement  ? Et, ô paradoxe, plus près de l’aveu de Jérémie : "Tu m’as séduit, Yahvé, et je me suis laissé séduire !"

Témoignage de Vincent, analyste crédit :
D’un milieu familial athée, je ne suis pas baptisé. C’est la préparation au mariage, que je suis avec ma future épouse, qui m’a donné l’occasion de questionner mon rapport à Dieu. Je suis d’ailleurs toujours dans un état de doute raisonnable. Je ne parviens pas à concilier le paradoxe de son Existence avec les malheurs du monde. Même s’il y a la liberté donnée à l’homme, jusqu’où va cette liberté ?
Mais, pour approfondir la question, on ne peut rester à l’écart d’une communauté de croyants. Il faut “aller à l’église“ pour poser plus précisément les questionnements, avoir des réponses. Je me suis surtout rendu compte de l’importance, à la messe, des lectures des textes, et de leur commentaire. Des rencontres, aussi, avec des paroissiens, et avec le père Paul, qui nous a accueillis dans un esprit de dialogue ouvert et chaleureux qui me touche.
Je vais donc poursuivre mon interrogation, en continuant d’aller à la messe le dimanche, y compris après notre mariage “à l’église“, qui est une façon pour nous de mettre en phase nos questionnements, et de nous rapprocher de l’Église en tant que manifestation du phénomène religieux, intermédiaire avec Dieu.


Témoignage de Greg Zlap, chanteur harmoniciste :

J’ai grandi en Pologne dans une famille catholique. Aller à l’Eglise signifiait ne pas se soumettre au régime communiste. Mais moi je n’étais alors qu’un enfant. A 14 ans, on m’a offert un harmonica et j’ai découvert, en écoutant du blues, les sons incroyables que l’on pouvait sortir de cet instrument. Cela m’a fasciné. Le blues parle de la vie, de la mort, de l’amour, en laissant s’exprimer cette dimension « soul » qui n’est autre que l’âme. Je suis devenu musicien de blues et je compose. Je ne sépare pas la musique de la foi. Toutes deux sont un langage du cœur. La musique réunit les gens comme la foi. C’est une communion. Et puis spirituel veut dire « souffle » et j’ai choisi l’harmonica, le seul instrument à vent qui se joue en respirant (en non en soufflant) ! Je travaille depuis un an sur Air, un album qui vient de sortir sur le thème du souffle justement. Tous les grands musiciens un jour ou l’autre rencontrent Dieu. John Coltrane ne disait-il pas que la musique l’amenait au-delà de la terre ? 
Site : www.gregzlap.com


Témoignage de Marie, aide soignante :
Pour Marie, aide soignante de personnes âgées, membre de notre conseil pastoral et responsable Macadam café (une association qui offre le "café" aux sans-abris lors de tournées nocturnes), la foi "c’est d'abord la confiance en quelqu'un qu'on ne voit pas". Dans son parcours sinueux entre le Cap Vert natal, le Sénégal et plus tard la France, Marie fait l'expérience de la Providence qui nous précède sur nos chemins. "A 3 mois,  j'ai été confiée à ma grand mère. Elle m'a offert la sagesse et la protection au quotidien, jusqu'à sa mort, à mes 15 ans." C'est avec elle que Marie a découvert le goût de la prière. Cependant pour recevoir le baptême, à 12 ans, il lui faudra montrer de la persévérance dans un contexte familial divisé à ce sujet. A 19 ans, Marie arrive en France. Elle s'étonne de rencontrer si peu d'audace à dire sa foi. Elle travaille auprès des personnes fragiles (malades, âgés, handicapés, enfants) et répond à plusieurs appels d'engagement dans l'église. Mais c'est grâce à l'année sabbatique "Un an pour Dieu à Paris" que la vie de foi et de charité a pris chez Marie tout son essor. "J'étais une des premières à avoir été choisie pour vivre cette expérience passionnante et très formatrice, proposée par le cardinal Lustiger. L'exigence de prière, de lecture régulière de l'Ecriture Sainte, du travail auprès des personnes dans le grand besoin, aux côtés des sœurs de Mère Teresa et de l'Ordre de Malte, m'a permis de saisir enfin ma vie de laïque engagée comme une vraie vocation."


 

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