Le Petit Cephalophore

samedi, octobre 01, 2011

La rentrée des séminaristes 2011-2012

Une rentrée pleine d’entrain qui fleure bon la mer, le trèfle irlandais, la route, la musique. Nous accueillons cette année quatre nouveaux séminaristes, tous d’une vingtaine d’années, tous « appelés » dès leur enfance, tous issus de la Maison-Saint-Augustin dite « MSA » où ils ont passé une année propédeutique, mais aux personnalités très diverses :



Charles-Antoine F. : 25 ans, fils unique né à Paris de parents immigrés, sa mère est irlandaise, son père juif polonais, il doit son baptême à l’influence de sa grand-mère, une catholique irlandaise. Il fait toutes ses études à Saint-Jean-de-Passy puis, après Khâgne, entre à l’École des Chartes. Pendant deux ans, il enseigne avec bonheur le latin et la littérature aux Premières et Terminales d"un lycée du Val d’Oise : « C’est une bonne expérience. Le contact avec les jeunes est stimulant, non parce qu’ils sont bons en latin, mais parce que les jeunes, ça met de l’ambiance. » Il s’occupe du Club sportif du lycée. Pourtant, il sait déjà qu’il va partir, car son appel au sacerdoce remonte à l’enfance. A cette époque, ses parents, de confessions différentes et peu soucieux de lui transmettre une culture religieuse, le laissent libre de « choisir ». C’est donc lui qui demande à aller au KT. Il fait sa première communion à 10 ans et sa confirmation en 6ème. Mais c’est surtout dans les livres que le futur chartiste découvrira le Christ. Dans la Bible, bien sûr, mais aussi à travers l’Histoire. Le voilà à Saint-Denys, heureux, et au sein d’une paroisse qu’il pressent « jeune, dynamique, avec beaucoup de gens engagés ».
Il sera cette année en charge du KT CM2.

Timothée M. : 24 ans, benjamin d’une famille de trois enfants, fréquente (lui aussi !) Saint-Jean-de-Passy de la Maternelle à la 5ème, puis l’Institut de l’Assomption dit « Lübeck » jusqu’au bac. À Rennes, il suit le cursus d’ingénieur agronome puis rentre à Paris pour se spécialiser en « nutrition humaine ». Grâce à son stage de fin d’études dans une entreprise de plats pour bébés, il connaît tous les secrets du petit pot surgelé ! Et évidemment il aime faire la cuisine. Mais ce n’est pas là son seul talent : il manie aussi bien la raquette de tennis que le fleuret ou l’épée ; il aime la musique, joue du piano ; avec sa voix de baryton basse, a chanté au lycée du Gospel avec les Pèlerins de l’Espérance (une expérience d’évangélisation à travers des concerts), mais est revenu depuis à plus « classique » au sein de la Maîtrise de Saint-Christophe de Javel ; il s’est même essayé à l’orgue à la MSA. Il a également fait du scoutisme, a été assistant chef de troupe aux SUF, il a marché sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, participé aux JMJ de Cologne. Né au sein d’une famille pratiquante, il s’est mis dès l’enfance dans une « disposition d’ouverture et d’accueil de l’appel »  avec cette prière : « Si Tu m’appelles, je suis disponible. Fais-le moi savoir. » Au cours du temps, l’appel se fait de plus en plus clair. Lors de son année de « prépa », il peut dire : « Je veux être prêtre. » A peine achevé son stage de fin d’études, il entre donc à la MSA et le voici un an plus tard, arrivant enthousiaste à Saint-Denys. Il est ici depuis fin août, « très agréablement surpris de la chaleur de l’accueil et de la jeunesse de l’assemblée. » Il sera chargé cette année de l’enseignement religieux auprès des CP et CE1 à l’école Sainte-Geneviève.

Pierre-Marie L. : 24  ans, il est né au sein d’une famille d’agriculteurs (cadet de cinq garçons) de Pléneuf-Val-André, station balnéaire réputée des Côtes d’Armor. Ses parents sont producteurs laitiers et vendent leur fromage, de la tomme. Mais aucun des garçons ne reprendra, semble-t-il, la ferme. Son bac en poche, le voilà parisien, en prépa à « Stan ». Il passe deux ans en internat. « C’était très sympa ». Reçu à Centrale Nantes, il repart pour l’ouest : à Nantes d’abord, où il passe deux belles années, nouant de « bonnes amitiés et ayant suffisamment de temps pour la vie associative, auprès des aumôneries des Grandes Ecoles » puis un an au Brésil, à Sao Paulo, où il est immergé dans un foyer d’étudiants brésiliens. « Magnifique ! » Il apprend le portugais et voyage à travers le pays. Il revient alors à Paris pour son stage de fin d’études et travaille dans une Start-Up sur des technologies de recherche visuelle sur Internet. Il entre alors dans la vie professionnelle, pour une courte durée de huit mois : il réfléchit à des projets liés à Internet pour la Conférence des Évêques de France. Puis il entre au séminaire. Sa vocation est née alors qu’il était enfant, au bord de la mer. Chaque été en effet, débarquait sur les plages un groupe de prêtres et de séminaristes parisiens, qui évangélisaient les vacanciers lors de missions « KT Plage » ou « Keroubim (chérubins en hébreu) ». En fréquentant ces prêtres, toute sa famille a grandi dans la foi. Il estime aujourd’hui qu’il a acquis suffisamment de maturité pour répondre à cet appel entendu il y a longtemps, ayant compris qu’il « ne faut pas attendre d’être parfait pour se lancer ». Il découvre Saint-Denys lors de sa première messe dominicale : « Ce qui me plaît beaucoup, c’est la diversité des âges. Ce n’est pas juste une communauté qui se rassemble sur de mêmes critères de générations ».
Il sera cette année en charge du KT CE2 à Charles-Péguy.

Martin D. : 25 ans, cinquième d’une famille de six enfants (quatre garçons, deux filles), dont l’aînée, Marie-Madeleine, sa marraine. Elle a joué « un rôle important sur mon chemin de foi, par la force de sa prière, mais aussi parce qu’elle a les pieds sur terre ! ». Son père est un New-yorkais d’origine irlandaise, professeur de guitare classique, sa mère est lorraine, professeur d’anglais. Vous l’aurez deviné, Martin est bilingue. Il a grandi en Champagne, à Saint-Dizier, qu’il a quitté pour la capitale où il a fait Sciences Po., section Gestion des Ressources Humaines. Puis il a rejoint Toulon pour une année d’apprentissage à la DCNS, une entreprise qui commercialise entre autres choses des sous-marins nucléaires. Spontanément, il égrène ses « centres d’intérêts » : le chant grégorien, la musique, la lecture (qu’il s’agisse d’histoire, de l’histoire de l’Eglise, d’art, d’archéologie, de recherche sur l’oralité évangélique, cf. les travaux de Marcel Jousse). Sa « couleur fétiche » est le vert (irlandais, bien sûr !) et sa « devise » : "Affermis tes frères". « Ma vocation ? Elle était en jachère depuis mes huit ans. Et puis un jour je me suis dit : tu ne peux pas laisser ta vie en friche, Martin, il faut que tu te décides. » Le voilà parti pour Saint-Jacques-de-Compostelle. Sur le chemin, il fait une rencontre décisive. Quelqu’un lui pose la question : « Avez-vous pensé à devenir prêtre ? » « Je ne dis rien mais en moi, je jubile : j’ai ma réponse ! ». C’était en août 2010.  Arrivé à Saint-Jacques, il remercie le saint pour son intercession. En septembre, il entre à la MSA. Un changement de vie brutal qui étonne ses proches. « C’était difficile de faire le pas. Mais j’avais envie de m’élancer, envie d’embrasser la vie, envie d’inconnu. J’ai appelé le Service des vocations ». Un an plus tard, il arrive à Saint-Denys, lui aussi, pour sa première messe dominicale, et remercie les paroissiens, grâce auxquels « il s’est senti accueilli », il remercie aussi pour l’invitation à déjeuner et la « tranche de vie partagée ».
Il enseignera cette année le KT aux CE2.

Et nos anciens ? Pensent-ils avoir changé en un an ?

Paul : « Oui, j’ai changé. Je me réjouis d’être là pour la troisième année : plus on avance, plus on reçoit la richesse de la paroisse ». Il progresse dans sa recherche de « l’équilibre » entre les deux cultures, chinoise et française. Des détails ont pu l’intriguer : « Nos réactions ne sont pas les mêmes. Par exemple, je pose une question et vous répondez par un haussement d’épaules : ce n’est pas toujours compréhensible ». Des différences plus fondamentales doivent aussi être apprivoisées : « Pour aller vers Dieu, les Occidentaux passent par la raison ; les Orientaux par l’affection et la compassion. Maintenant, j’évolue vers la synthèse. J’ai été envoyé en France, pour moi c’est très important. Je sens l’Eglise universelle, catholique. Au fond de mon coeur, je garde contact avec le directeur du séminaire, en Chine. Il faut s’engager. Le chemin vers le sacerdoce est le même qu’en Chine. La volonté de Dieu sur moi se fait par les formateurs. Je suis dans l’Eglise dans cette hiérarchie. Je tiens beaucoup à la Justice dans l’Eglise. Apprendre à être juste les uns envers les autres. Savoir rendre ce qui est dû est nécessaire pour aller au-delà, vers la charité. »  Plus à l’aise, mieux intégré, il a vaincu une part de réserve : « J’ai appris à prendre l’initiative pour aller vers les gens, je parle aux réunions de la communauté ». Mais il se sent toujours étranger, « un petit peu dans les activités paroissiales, et puis, je sens que ce n’est pas facile de m’inviter. » Quelques mots sur les « nouveaux » ? « Ce sont de bons chanteurs ! »
Il sera cette année aux côtés du club Saint-Denys.

Charles : « Cette année s’est très bien passée. Avec la philosophie, j’ai de nouveaux outils pour comprendre, analyser, mieux prier, mieux aimer. J’ai envie de continuer : on aime mieux quand on comprend mieux. J’ai été très heureux à Saint-Denys. Je me suis fait souvent inviter le dimanche, grâce à ma technique du "pied dans la porte". J’ai rencontré beaucoup de familles pour partager très simplement avec elles. » Il lance un appel : « N’hésitez pas ! Il me suffit d’une tranche de jambon et de coquillettes sur la table en formica de la cuisine ! » Son programme cette année : les servants d’autel et les scouts. Et les « nouveaux » ? Comment sont-ils ? « Joyeux et dynamiques ! »

Bruno : « J’ai fait la découverte de la vie paroissiale, de ce sentiment d’appartenir à une famille. On sent une cohésion, une vie fraternelle. Au séminaire, on redécouvre sa foi, on se la réapproprie pour la mettre en pratique dans la paroisse. Je suis heureux de continuer une année ici. Mais deux ans, c’est court. Je me sens plus assuré du point de vue de ma participation aux activités paroissiales, grâce aux contacts que j’ai noués l’an dernier avec les paroissiens, notamment lors des JAM, de Nomades, des barbecues. Côté études, j’avais une petite appréhension sur la philo, mais mettre un peu de raison dans sa foi, c’est très formateur ! ». Cette année, il sera en charge du KT CM1.

Paul (Yong -Sok) : "J'ai changé, et je n'ai pas changé. J'ai un peu de difficulté : je ne parle pas très bien français. Quand tu rencontres quelqu'un, c'est difficile, le contact. Plus difficile avec les paroissiens qu'avec les séminaristes. Oui, la culture française est différente, mais ce n'est pas grave pour moi. Certaines choses sont plus naturelles ici qu'en Corée, par exemple, il n'y a pas de niveau [hiérarchique] entre les gens, comme prêtre/séminariste ou professeur/élève. C'est bien. Je fais encore une année de français, jusqu'à l'été. Je pense que je dois, le semestre prochain, faire quelque activité dans la paroisse parce que j'habite ici. Quoi ? Je ne sais pas. Je cherche avec le père Quinson ce que je peux faire. [Peut-être auprès des Soeurs de Mère Térésa.] Je remercie tous les paroissiens parce qu'ils sont très gentils avec moi et je leur demanderais de parler un peu plus lentement, s'il vous plaît, avec des mots simples."  Et les nouveaux, ils sont comment ?  "Ils sont sympas!"  dit-il... après huit mois d'apprentissage du français !!! Bravo !

Et le plus extraordinaire, c’est qu’ils ont tous hâte de commencer les cours... Ils sont quand même épatants, ces séminaristes...
Propos recueillis par Dominique T.


 

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