Le Petit Cephalophore

dimanche, juin 03, 2012

Témoignages sur la croyance en la résurrection des morts


La résurrection, 
c’est l’accomplissement du projet de Dieu sur nous



La Résurrection ? J'y crois. Comment ne pas y croire quand on est chrétien ? C'est l'article-clé de notre foi. Comme le Credo, j’y associe la vie éternelle. Penser à la mort, c'est envisager ce qui vient après : la vie. Voici l'objet de notre espérance. Certes, nos efforts ne suffiraient pas à nous y introduire. Nous nous confions en la miséricorde de Dieu dont l'amour est infini. J'aime aussi me dire que nous ressuscitons déjà et tous les jours. Quand nous tombons dans la tristesse, dans le péché, n'est-ce pas la résurrection qui nous permet de repartir ? La confiance en Dieu est une manière de transcender nos difficultés d'aujourd'hui. La foi à 100% ? C’est une question mal posée. La foi n'a rien de "mathématique". Nous connaissons tous le doute comme de bonnes raisons de croire. Croire en Dieu, en Jésus-Christ. La foi en la Résurrection en découle. Comment serons-nous une fois ressuscités? Il m'est difficile de croire que je vais ressusciter avec ce corps-ci. Cependant je crois que je vais garder mes caractéristiques propres. Sous quelle forme ? Je ne sais. Le plus important, c'est que nous entrerons dans une vie d'harmonie et de paix universelle, dans une vie de participation plénière à la Vie divine. C’est l’accomplissement du projet de Dieu sur nous. Nous serons plongés dans son amour et cet amour sera réciproque. Nous en serons enfin capables. Nos relations d'ici-bas seront elles aussi transfigurées. Aujourd'hui, nous aimons certains plus que d'autres. Après, nous aimerons Dieu en chacun, de la même manière, sans exclusion. Et nous serons ravis. Des instants de notre vie nous en donnent parfois comme un avant-goût. La nature, la liturgie, la présence d'une personne peuvent nous procurer ce bonheur plein de promesse, qui rappelle la Transfiguration. Pensez à l'abbé saint Virila de Leyre, du Xème siècle. La légende raconte qu’il a écouté le chant d'un rossignol pendant 300 ans qui lui ont paru comme un bref instant. Un chant de rossignol : qu'est-ce donc comparé à la gloire de Dieu  ? 
Pierre (propos recueillis par Katarina)


La résurrection, ce n’est pas quelque chose, c’est Quelqu’un

Penser à la résurrection des morts projette nécessairement en dehors de la pensée. Quand on ne peut plus penser, on tente alors d’imaginer... ce qu’évidemment il ne faut pas faire ! Dès lors, on ne peut que se situer dans l’ordre de la conviction, au sens étymologique du terme, à la fois « cheminer » et « vaincre ».
Résurrection des morts : une telle alliance de mots, c’est une aporie, une impasse pour la raison. Le seul mode de contournement de cet incompréhensible, c’est l’analogie : on se situe à la périphérie, on tourne autour. On va alors quitter cette idée qu’il puisse s’agir de quelque chose. Pour moi, la résurrection des morts, c’est Quelqu’un plutôt que quelque chose. Ce Quelqu’un nous est montré par le récit évangélique. Le Ressuscité nous est relaté comme un autre mode d’occupation du corps, un autre mode d’ambulation, d’apparition. Mais paradoxalement, ce corps convoque nos cinq sens : nous le touchons, nous l’entendons, nous lui parlons, nous mangeons avec lui. Ce corps glorieux est encore charnel et pourtant, sa manière d’être dans le monde est totalement autre. Est-ce son état définitif ou une préfiguration ? La question qui se pose à nous est de savoir s’il va nous arriver la même chose. Paradoxalement, on a une idée de « l’après », mais pas du passage lui-même de la mort à la résurrection. Personne n’a vu le surgissement du Seigneur. Nous sommes renvoyés au tombeau vide. On songe aussi à la prophétie d’Ezéchiel sur les ossements desséchés que Dieu emplit de l’esprit pour les rendre à la vie (Ez. 37, 5). Est-ce pour moi une Espérance ? Oui et non. Oui au sens où comme le disait Pascal, entre deux "incompréhensibles" : la vie (pourquoi et d'où suis-je né ?) et la mort (pourquoi et pour où dois-je mourir ?), nous devons arbitrer pour le plus honnête intellectuellement, donc pour la vie. Et non, parce que la résurrection des morts est la figure parfaite de la connaissance, c'est à dire la co-naissance dans l'espérance et l'approche de laquelle nous devons déjà nous situer, et vivre, et répondre "doucement", comme le demandait saint Pierre, à l'exemple duquel nous serons un jour emmenés "là où nous ne (voulions) pas aller".  
Hubert (propos recueillis par Dominique Th.)   


La résurrection, c’est surtout un espoir 

La foi en la résurrection ne me semble pas si simple. Je peux dire en toute sincérité que « j’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir » (symbole de Nicée), mais je ne saurais pas dire avec autant d’assurance « je crois à la résurrection de la chair ». Pour moi, la résurrection désigne surtout un espoir ; je ne sais pas si je peux dire pour autant que je crois à la résurrection !

Bizarrement, il me semble que la résurrection du Christ n’est pas le plus difficile à croire. Jésus est le Fils de Dieu ; et dès lors qu’on croit en un Dieu transcendant, on peut tout à fait accepter qu’il est capable de dépasser nos limites mortelles. C’est même précisément ce que l’on croit.

En revanche, il me semble impossible, devant un homme mort, de nier la réalité de sa mort au nom de la résurrection à venir. Ce n’est pas que je croie à l’annihilation pure et simple de l’être humain à sa mort. Je ne crois pas qu’un être humain ait été créé pour vivre 100 ans sur Terre puis disparaître à jamais. Mais il m’est impossible d’en dire plus que cela. Qu’un homme vive mystérieusement, « auprès de Dieu », après sa mort, c’est sans doute vrai, mais je n’ai aucune idée de ce que cela peut vouloir dire – ce n’est sans doute rien que l’on puisse s’imaginer...

La résurrection des morts n’est pas une chose entendue, cela ne signifie vraiment pas « oui, telle personne est morte, mais on s’en fiche parce qu’elle n’est pas vraiment morte, parce qu’on croit à la résurrection » ! Non, on ne s’en fiche pas de la mort, sinon la résurrection ne serait pas une victoire. Le phénomène de la mort est un choc. Intégrer le fait que quelqu’un était vivant et ne l’est plus n’a rien d’évident ; on ne comprend déjà pas bien la mort, alors rien d’étonnant à ce qu’on ne comprenne pas mieux la résurrection…

Laetitia


Charles David A.

« Ce que me dit mon rabbin, c’est que cette réincarnation est là pour réparer l’âme si elle n’a pas accompli ce qu’elle doit accomplir ». Quelle n’est pas ma surprise lorsque, interrogeant mon ami Charles pour comprendre comment un juif pratiquant aborde la question de la résurrection des morts, je l’entends me parler en premier lieu de réincarnation, cette croyance en la transmigration des âmes que je croyais réservée de nos jours à l’hindouisme ou au bouddhisme ! Au-delà de quelques interprétations de l’historien juif romain Flavius Josèphe qui pourraient conduire à penser que cette croyance était plus ou moins présente chez  les Pharisiens et les Esséniens, c’est surtout dans la mystique juive de la Kabbale que vers le XIIIème siècle elle se développe. « L’éternité de l’âme, la récompense et le châtiment divins, la future résurrection des morts sont autant d’éléments fondamentaux de la pensée juive » m’explique Charles. Mais alors qu’en est-il de la résurrection des morts ?  Pour Charles elle est « lointaine, finalement peu présente, notamment dans les propos des rabbins. En effet elle n’interviendra qu’à la fin des temps, ‘Pour toi, va, prends ton repos ; et tu te lèveras pour ta part à la fin des jours’ (Daniel 12.13). »

Les morts ressuscitent à la venue du Messie lorsqu’il entrera dans Jérusalem par la Porte dorée.

Mais finalement notre entretien s’achève sur l’évocation de la fête de Tisha Beav, qui commémore la destruction du premier et du second Temple de Jérusalem, le « jeûne noir » marqué par les coutumes du deuil et la lecture du Livre des Lamentations. Plus encore que la résurrection ou la réincarnation c’est la présence des disparus que Charles souligne en évoquant « la réunion familiale durant laquelle chaque année plusieurs dizaines de membres de la famille se retrouvent » pour perpétuer la mémoire de son père, jusqu’à écrire des rouleaux de Sefer (Torah) pour lui rendre hommage et ainsi retrouver sa présence.
Propos recueillis par Philippe Th.

                                                                          


 

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