Le Petit Cephalophore

dimanche, février 17, 2013

Le père Brière et ses étudiants en art à Saint-Denys

Approche chrétienne de l'art contemporain

En cette année de la Foi, l’Eglise se sait davantage appelée à une conversion profonde ; à commencer peut-être par une conversion du regard et par l’accueil de l’étrange(r).

Précédé d’une sulfureuse réputation, l’art contemporain qu’impose la culture dominante n’en est qu’une caricature outrancière. Ses excroissances économiques et politiques risquent de faire oublier l’expérience esthétique qui le fonde et que les chrétiens vivent avec prédilection. Formés par la liturgie, ils savent le Sens plus intimement approché par les sens que par les définitions. Sauvés par la folie de la Croix, ils connaissent une sagesse qui transcende les rationnels et raisonnables discours.
Nous commencerons donc par la bienveillance.
Oui, la bienveillance, pour tenter une hospitalité réciproque et la possibilité de « vivre l’échange salvifique où l’inculturation de l’Evangile va de pair avec l’évangélisation des cultures » (Jean-Paul II, Discours au Conseil pontifical de la culture, 1997). Plusieurs galeries qui entourent Saint-Denys du Saint-Sacrement proposent le meilleur de la création contemporaine à Paris. Bien des galeristes y vivent avec passion leur soutien aux artistes ; quelques uns avec foi. Consacrer du temps dépouillé de préjugés, le mieux possible, à se laisser accueillir – s’inculturer - autant qu’à un accueil des œuvres contemporaines parait nécessaire à un réel discernement esthétique. Et à la découverte d’émotions neuves que la foi chrétienne recevra comme un chemin d’intériorisation sensible.

Car la foi est en jeu. « …l’art est, par nature, une sorte d’appel au Mystère. Même quand il scrute les profondeurs les plus obscures de l’âme ou les aspects les plus bouleversants du mal, l’artiste se fait en quelque sorte la voix de l’universelle attente de rédemption. » En reprenant cette affirmation de Jean-Paul II, Benoit XVI rappelle que nous ne pouvons nous laisser séduire par la beauté « illusoire et trompeuse, superficielle et éblouissante jusqu’à l’étourdissement…./… la vraie beauté est de donner à l’homme une "secousse" salutaire qui le fait sortir de lui-même, l’arrache à la résignation, à l’arrangement du quotidien, le fait souffrir aussi, comme un dard qui le blesse… » (Rencontre avec les artistes, Chapelle Sixtine, 2009)

Par analogie, la voie de l’art peut cultiver en chacun la part mystique assoiffée de connaître le Mystère par expérience sensible. En deçà des convictions, de l’idéologie et de la doctrine, là où la foi surgit, source vive.
Michel Brière


Expo "Mitoyens" à Saint-Denys

Lenoir, 2013, st.
Pour la deuxième fois, l’aumônerie des Beaux-arts et des jeunes artistes se réjouit de réaliser son exposition dans les locaux de la paroisse Saint-Denys du Saint-Sacrement. Elle tient à remercier chaleureusement de ce vrai service, une paroisse accueillante aux recherches de la jeunesse.
Ces jeunes artistes tentent de faire éprouver le rapprochement entre leur travail et une église vivante abritant un chef d’œuvre de Delacroix et un autel de Marc Couturier.
Souligné par Christophe Cuzin, artiste invité, c’est le lieu même qui fédère leurs travaux.
« Mitoyens », ils s’offrent ainsi aux dialogues.


En dialogue avec les artistes

Père Brière, quelle mission vous a été confiée ?
Michel Brière : Le père Lustiger a décidé, il y a dix-huit ans, que je serai au service du monde de l’art, un poste qui n’existait pas. Je suis donc en dialogue, au nom de l’Eglise, avec des artistes reconnus que je fréquente personnellement. De plus, je suis aumônier depuis sept ans auprès des Beaux-arts et des jeunes artistes. Mon parcours me prédestinait-il à cette mission ? Après le bac, j’ai étudié la philo puis je suis entré au séminaire et j’ai soutenu une thèse de théologie sur Fra Angelico. Mon fil conducteur a toujours été de voir comment nos sensations, et donc l’art, peuvent nous aider à connaître Dieu.

En quoi consiste votre mission à l’Ecole des Beaux-arts ?
M.B. : Je partage un repas une fois par semaine avec une petite dizaine d’étudiants et une fois par mois, j’invite un acteur du monde de l’art à faire une conférence sur « la spiritualité dans l’art contemporain ». Le dernier conférencier, éblouissant, fut Jean de Loisy, directeur du Palais de Tokyo et commissaire de l’exposition Traces du sacré. On me prête à cette occasion un amphi où il est arrivé que participe une cinquantaine d’étudiants sur les cinq cents inscrits dans cette école. J’ai le soutien de quelques étudiants catholiques qui ont le courage d’affirmer leur foi. La tonalité générale est l’indifférence.

Leur faites-vous d’autres propositions ?
M.B. : Un dimanche soir par mois, nous nous retrouvons à la paroisse Saint-Germain-des-Prés pour une soirée théologique. L’un d’eux prépare une introduction et moi un enseignement biblique sur un sujet comme « Représenter Dieu » ou « Pourquoi les catholiques peignent ? ».

Comment comprenez-vous votre mission ?
M.B. : Mon objectif est missionnaire. Je suis une figure d’Eglise ouverte au dialogue dans ce monde de l’art plutôt hostile.
                                                                                                           
Propos recueillis par Sylvie H.





 

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