Lettre ouverte à un futur prêtre, par le père Antoine d'Augustin
Dimanche 23 juin 2013
Mon cher Camille, c’est une question de jours. La longue
imposition des mains sur ta tête va bientôt commencer. Tu les verras de près,
ces hommes qui vont te bénir. Tous ont reçu l’appel du Seigneur. C’est un
ciment que tu as commencé à découvrir au séminaire, mais il prendra une
dimension plus profonde et plus personnelle. Ils sont un peuple de prêtres et
tu seras l’un d’eux.
Que sont devenus les rêves de leur ordination ? Rêve de
conquérir au Christ le peuple de Paris, de servir jusqu’aux limites d’eux-mêmes,
de devenir des saints des temps modernes, rêve d’une intimité infinie avec le
Christ. Que sont-ils devenus ? La plupart du temps, Dieu a brisé leurs rêves
pour construire par sa sagesse d’amour une réalité plus belle, plus joyeuse
mais aussi plus crucifiante – c’était promis dans le programme – et plus
féconde. Saint, tu le deviendras sûrement avec la grâce de Dieu et pas selon
tes rêves.
Ordonné, tu seras revêtu du sacerdoce, mais tu auras à
devenir ce prêtre voulu par Dieu. Comment va s’opérer cette transformation ?
Par l’opération du saint Esprit ET par les gens qui te seront confiés. L’enfant
fait le père et la mère, les gens à qui nous sommes envoyés nous font prêtre.
Leur besoin va faire couler de ton cœur ce que Dieu voudra leur donner. Par ce
flot tu découvriras ce que tu deviens. Ils demanderont, Dieu leur donnera et tu
deviendras lentement le prêtre que tu es.
C’est au moment où la croix se fera plus lourde que tu
devras te rappeler cette vérité. Car le simple fait de dire la messe, de
confesser, d’écouter sans vouloir apporter de réponses, te donnera une paix
suffisante pour traverser une mer en tempête.
Quand tu voudras aider par ta parole, souviens-toi que
Dieu nous précède toujours dans le cœur des gens. Ne cherche pas à avoir raison
: ceux qui ont toujours raison s’abusent eux-mêmes. Dis ce que tu crois juste,
bon et beau, et souviens-toi que le Seigneur a attendu longtemps avant de
parler en clair de sa mort et de sa résurrection. Ne promène pas dans la rue
ton sacerdoce comme un étendard. Si tu le fais, certains seront fiers de ce que
tu représentes, mais ceux qui auront le plus besoin de toi n’oseront pas
t’aborder.
Je te souhaite de pouvoir dire la messe chaque jour. Là
encore, tu entreras dans une nuit qui ne se dévoilera que peu à peu. Ne sois
pas lassé de ne pas connaître entièrement le mystère que tu célèbres. Fais le
toujours avec amour, sans sensiblerie, et le Seigneur te comblera à sa mesure.
Les joies que tu recevras, et elles seront nombreuses, te
seront davantage données que prises. Dieu nous paie par la joie. Parfois il
paraît avoir quelque retard. C’est que la récompense qui vient est plus grande
encore.
Marche, deviens ce que tu es. Tu connaîtras des échecs,
Jésus en a connus, mais n’arrête de marcher sous aucun prétexte. Souviens-toi
qu’un peuple de frères prêtres marche avec toi. Ils ne valent ni plus ni moins
que toi. Nous marchons ensemble jusqu’à ton passage dans le Christ.
Cher Camille, bienvenue dans l’ordre des prêtres, pour
notre joie.
P. Antoine d'Augustin
P. Antoine d'Augustin
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