Le Petit Cephalophore

mardi, février 17, 2015

Les auteurs des JAM 2014

Lors des dernières JAM  à Saint-Denys, le stand livres neufs a accueilli deux auteurs,
qui nous ont entrouvert leur univers.


Jean-Guilhem Xerri. Biologiste des Hôpitaux, ancien interne et diplômé de l’Institut Pasteur, il a rejoint en 1995 l’association Aux captifs la libération, dont il assurera la présidence en 2005, à la demande du cardinal Lustiger.

Le Petit Céphalophore : la première question de cette interview, c’est vous qui la posez – et elle est vaste et ambitieuse ! - avec votre ouvrage :  « A quoi sert un chrétien* ? »
Jean-Guilhem Xerri : Les Chrétiens se sont retirés de la culture populaire. On s’est mis à préférer les grands débats théologiques, et notre Foi a été perçue à tort comme une Foi intellectuelle. C’est pourquoi on s’est tourné vers l’ésotérisme, les cultures orientales… Aujourd’hui, il faut certes prier pour les vocations sacerdotales, mais aussi pour ceux qui transmettent la culture populaire. Des réalisateurs de films, de séries… Le but, c’est de montrer des hommes et des femmes, chrétiens, dans la vie de tous les jours. Le lieu de la mission chrétienne, c’est aussi la culture populaire. A titre personnel, je suis très piété populaire : le chapelet, les pèlerinages, toucher des statues… on a bien tort de regarder cela de haut ! Le peuple, c’est vous, c’est moi. On a besoin de choses simples. La Foi est devenue trop compliquée, trop cérébrale. Comment expliquer le succès des charismatiques ? Parce qu’ils sont revenus à un vécu simple, exprimé. Il faut cesser de se faire des nœuds, notre cœur a besoin de simplicité. Jésus était simple ! Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’attacher à la réflexion.

L. P. C. : votre livre donne-t-il des recettes de lisibilité ?
Je l’ai conçu en trois parties : la première en réaction devant le pessimisme qui traverse les communautés chrétiennes. Qu’est-ce qui se joue ? Non pas la fin du christianisme, mais d’un christianisme, d’enseignement, de transmission verticale (avant Vatican II). Et un nouveau christianisme qui émerge, celui du compagnonnage, sollicitant liberté et expérience, de vie, d’amour, en phase avec le monde actuel. Au Moyen-Age, déjà, face aux hérésies, il y eu tant de figures évangéliques qui ont rappelé à leurs contemporains l’urgence de se remettre dans l’Evangile, ce n’est  pas nouveau ! Et sous la III° République, les Chrétiens étaient plus persécutés qu’aujourd’hui.

L. P. C. : quel est le plan d’action à  mener ?
J.- G. X. : c’est l’objet de la deuxième partie de mon livre. On a l’opportunité de se situer face à des terres vierges, il y a une telle méconnaissance de notre religion ! Le discours dominant étant : on peut s’en passer, on  suscite surtout l’indifférence. Il faut donc 1) affirmer un humanisme au service de la vie ; 2) promouvoir une anthropologie épanouissante ; 3) proclamer la résurrection de la chair. Je préfère, en tant que chrétien, susciter l’incrédulité que l’indifférence, et j’aborde toutes les questions de bio-éthique ! Dans le Christ, on a la préfiguration de ce à quoi nous sommes appelés. Dans ma troisième partie, consacrée à la posture intérieure, j’essaie de « déminer » la mission d’évangélisation, parce que des mots font peur à beaucoup de chrétiens et de non chrétiens : peur de l’endoctrinement, du non respect de la liberté des uns et des autres. L’objectif de la mission, ce n’est pas de vouloir convertir l’autre et d’en faire un bon catholique, mais de favoriser la rencontre entre une personne et le Christ ! Du coup, ça met beaucoup moins la pression. Et c’est tout le mystère des conditions d’une rencontre entre le Christ et une âme…
Propos recueillis par M.-C. D.
*Ed. du Cerf.


Française d'origine argentine, elle a fui la dictature militaire durant son enfance. Paroissienne de Saint-Denys et maman de trois enfants -Augustin, 22 ans, Emilien, 13 ans, et Hélène, 11 ans-, Laura Alcoba a dédicacé sur notre stand librairie son quatrième roman, « Le Bleu des abeilles »**.

Le Petit Céphalophore : s’agit-il d’un roman autobiographique ?
Laura Alcoba : j’ai repris la voix de l’enfant de « Manèges », mon premier roman. Le propos est de relater l’expérience de l’exil et de l’entrée dans la langue française par les mots de la correspondance qu’établit une petite fille de dix ans avec son père, prisonnier politique en Argentine. Avec toutes les contraintes d’une relation épistolaire père-fille, d’où le titre, qui peut paraître énigmatique. Il est en fait inspiré d’une phrase de « La Vie des abeilles » par Maurice Maeterlinck : « Le bleu est la couleur préférée des abeilles ». L’idée de mon  père, c’était de lire le même livre, lui et moi, au même moment d’un côté et de l’autre de l’Atlantique. Lui en espagnol, moi, la petite fille, en français. Le premier livre de cette expérience commune fut « La Vie des abeilles » de Maeterlinck. Et ce bleu des abeilles, c’est le lieu où se retrouvaient spirituellement le père et la fille, un espace mental créé par la lecture et rempli de jeux entre les deux langues.

L. P. C. : vous défendez donc l’idée que la conquête de la liberté se fait par l’apprentissage de la langue ?
L. A. : Oui, il s’agit véritablement d’une quête. La fillette découvre les sonorités nasales, qu’elle décrit de l’extérieur. Elle essaie de les apprivoiser. Ce roman vient d’ailleurs de paraître en espagnol, qui va dans le sens de la perception exprimée là. Je voyage beaucoup, et mes trois précédents romans ont été traduits en de nombreuses langues. Mais plus que la langue, mon vrai sujet, c’est la mémoire. « Le Bleu des abeilles » est le terme d’une trilogie, après « Manèges » et « Les Passagers de l’Anna C. », autour de la mémoire.
Propos recueillis par M.-C. D.
**Edition Gallimard.


 

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