Quatre séminaristes à la rencontre des migrants de Calais
La « jungle »
de Calais peut faire peur, vu les sujets de société qui s’y trouvent souvent
rattachées par des médias : immigration clandestine, délinquance, trafics
variés, misère et insalubrité… Pourtant, la jungle de Calais peut aussi
attirer, non par curiosité mal placée, mais par un désir sincère de mieux
cerner ces questions, de rencontrer leurs acteurs et d’aider dans une modeste
mesure. Poussés par ce désir, nous avons fait le voyage à quatre séminaristes
de Paris, Louis, Théophile, Thomas et moi, cinq jours à la fin du mois
d’août dernier.
A Calais, nous avons été accueillis par le Secours catholique,
qui nous a hébergés et nous a associés à ses activités, dans ses locaux comme
au milieu des tentes et des taudis montés par les migrants. C’est ainsi que
nous avons donné des cours de français, réparé les bicyclettes, préparé les repas
pour les mères de famille et leurs enfants, accompagné leur excursion à la mer
(une expérience toute simple et merveilleuse), distribué les produits de
première nécessité.
Dans la « jungle », camp disparate de 9000
personnes environ, ceux d’entre nous qui connaissaient le Tiers-Monde ont vite
reconnu l’odeur des bidonvilles. Nous avons aussi retrouvé l’hospitalité étonnante
de ceux qui n’ont rien : réfugiés afghans, exilés irakiens, migrants
soudanais, bédouins arabes sans passeport nous ont inlassablement proposé thé,
café, copieux déjeuners. Ils ont partagé bien des histoires poignantes :
guerres civiles, proches disparus, persécutions religieuses (nous avons parlé à
plusieurs musulmans convertis au Christ), situations d’esclavage, traversées à
haut risque, tabassages et outrages de la part des policiers occidentaux. Au
bout de ces épreuves, la majorité rêve de l’Angleterre comme d’un Far West où
ceux qui travailleront dur ramasseront gros. Ceux-là s’étendent peu sur les
moyens de passer la frontière, moyens plus ou moins avouables il est vrai, et
qui expliquent la colère des routiers et des Calaisiens. Les tensions sont
palpables, encore renforcées par la précarité de la jungle. Tentés par le
désespoir, les migrants survivent grâce au mirage d’une réussite facile, une
fois la frontière franchie. Nous les Français inquiets, mal ou très mal
informés, vivons dans le mirage d’une solution simple à ces problèmes
complexes. Sans forcément le formuler clairement, les uns comme les autres ont
besoin d’une parole qui leur donne à la fois l’espérance et la vérité.
Guillaume
L., séminariste
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home