La nouvelle traduction du Notre Père
« Seigneur,
apprends-nous à prier » …
Le Notre Père qui
figure dans les évangiles selon saint Matthieu (Mt 6, 9-13) et saint Luc (Lc
11, 7-15) est la seule prière que Jésus-Christ a transmise à ses disciples.
Pierre angulaire de notre foi, « cette prière, comme l’écrit Simone Weil dans
Attente de Dieu, contient toutes les demandes possibles ; on ne peut concevoir
de prière qui n’y soit déjà enfermée. Elle est à la prière comme le Christ à
l’humanité. »
Dans le cadre d’une
nouvelle traduction liturgique de la
Bible, confiée depuis 1996 à un groupe de plus de soixante-dix
biblistes, exégètes et écrivains francophones,
le Notre Père a fait l’objet d’une nouvelle traduction, validée par le Vatican.
Seule la sixième demande de cette prière – « Et ne nous soumets pas à la
tentation » – a été modifiée. Elle devient : « Et ne nous laisse pas entrer en
tentation ». Pour Mgr Bernard Podevin, porte-parole de la Conférence des
évêques de France, cette modification a
le mérite de « mettre l’accent sur la communion avec le Christ qui a connu la
tentation […]. Demander au Père de ne pas nous laisser entrer en tentation,
c’est Lui demander la force de combattre et d’écarter complètement la tentation
comme le Fils l’a fait » au désert (Mt 4, 11) et jusque dans la nuit obscure de
Gethsémani – « Priez pour ne pas entrer en tentation. » (Mt 26, 41) Cette
nouvelle traduction, plus proche du sens premier du texte grec*, du verbe «
eisphérô » (εἰσφέρω) qui signifie littéralement « porter dans » ou « faire
entrer », lève l’ambigüité théologique induite par la version du Notre Père
établie en 1966**. En effet l’expression, très controversée, de la sixième
demande, « ne nous soumets pas à... » pouvait laisser sous-entendre une forme
d’intentionnalité dans la tentation qui mène au péché, comme si Dieu pouvait
être l’auteur du mal. Dieu ne tente personne. Cette révision notable du Notre
Père sera donc effective à partir du 3 décembre prochain, soit le premier
dimanche de l’Avent, dans la nouvelle traduction officielle de la Bible pour la
liturgie francophone – fruit d’un long et fructueux processus de dialogue,
conduit dix-sept années durant.
Jérôme G.
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