Le Petit Cephalophore

mercredi, mars 28, 2018

Les "autres" curés de notre doyenné


Père Olivier de Cagny, vicaire forain, curé de Saint-Louis-en-l’Ile

Quand on retrouve le père Olivier de Cagny en son presbytère de Saint-Louis-en-l’Île, on se souvient avec un brin d’émotion de ses années de jeune vicaire à Saint-Denys, où sa jovialité faisait merveille auprès des enfants. Le surnom POC lui est resté, et les trois lettres sont inscrites sur sa boîte aux lettres. Mais aujourd’hui, c’est avec notre vicaire forain, autrement dit notre doyen, que nous avons rendez-vous, afin qu’il nous parle de son rôle au sein du doyenné. « Tel un vice-roi, un vice-amiral, le vicaire est celui qui aide le chargé de fonctions principales. Comme un curé, un évêque a des vicaires, d’une part généraux pour nommer les prêtres, d’autre part épiscopaux (agissant dans un secteur thématique d’activités). »
Le père de Cagny rappelle l’origine étymologique. « Forain » vient du latin foris, signifiant « l’extérieur ». Au Ier siècle, chaque évêque avait son église. Avec le développement des églises de campagne, il a fallu y envoyer des prêtres, tout en gardant le lien, d’où l’apparition des vicaires de l’évêque. Par la suite ont été fixées les paroisses (du grec paroikia, par signifiant « autre » et oikos « maison »). Aux Vème-VIIème siècles, « le vicaire forain endosse la casquette de délégué de l’évêque sur la paroisse, et inversement remonte les infos du curé de paroisse à l’évêque. »
Le doyen est toujours un prêtre. Choisi sur consultation des autres prêtres et nommé par l’évêque, il est chargé de veiller au bon exercice du ministère de ces prêtres, « de promouvoir et coordonner l’action pastorale commune aux paroisses. De veiller à ce que les clercs se conduisent en conformité avec leur état et remplissent leur fonction avec soin : la bonne tenue des fonctions religieuses et des registres, l’entretien des lieux, la beauté des liturgies... Bien sûr, c’est fraternel ! » nuance-t-il dans un sourire. « Sans oublier de veiller à ce que les prêtres soient soutenus spirituellement, de s’enquérir de ceux qui sont malades. Du coup, pour réfléchir à tout ça, je dois réunir les prêtres et les diacres une fois par an, et les curés tous les deux mois. Un travail d’équipe que je répercute trois fois par an à mon évêque, Mgr Jérôme Beau. L’ordre du jour de ma prochaine réunion ? La première question est précisément : « qu’attendez-vous de votre doyen ? » Ensuite, nous traiterons des actions œcuméniques avec les protestants du quartier. De « l’Église verte » aussi : le diocèse a décidé de décerner un label écologique. Pour l’instant c’est un peu ludique, on doit réfléchir à la manière d’être exemplaire. Certains points sont traités par une paroisse : un week-end d’évangélisation dans la rue avant Noël aux Blancs-Manteaux, un journal du quartier à Saint-Paul… D’autres sont mutualisés par 3, 4 paroisses, tels la préparation au mariage, le catéchuménat, comment mieux travailler avec les jeunes. La charité, c’est un chantier à améliorer, comme les confessions : j’ai l’idée qu’un jour par mois, de 7h à 23h, un prêtre soit disponible dans l’une des quatre églises pour donner le sacrement de réconciliation. »
Propos recueillis par Marie-Christine D.                    


Père Benoît-Marie Roque, curé de Notre-Dame-des Blancs-Manteaux

« Le Marais, c’est nous quatre. Avec les confrères, nous sommes soudés, car le quartier est difficile : on fait tout ce qu’on peut faire ensemble. Notre responsabilité commune, face aux passants et aux touristes des Airb&b, (c’est cela la réalité du Marais : des logements vides !) c’est de les accueillir, de les faire entrer dans l’église. C’est aussi la sauvegarde du patrimoine culturel : notre paroisse en particulier est un lieu de culture, nous abritons beaucoup de concerts (Fauré, Bach, tout le répertoire !)
Le doyenné, c’est aussi cette année une initiative œcuménique autour de l’anniversaire de la Réforme (un succès) et les conférences de carême, qui ont déjà réuni autour de Pierre [Vivarès] à Saint-Denys et d’Olivier [de Cagny] à Saint-Paul plus de 70 personnes chacune.
Le doyenné, c’est encore le moyen de mutualiser nos forces, et puis… on se console mutuellement ! La paroisse de N-D-des Blancs-Manteaux est petite : 5 579 habitants (mais Saint-Louis en a encore moins : 4 019). Nous avons un vrai problème de ressources humaines : une poignée de gens dévoués corps et âme, mais qui se font vieux, sur un total de 130 paroissiens aux messes dominicales. Nos églises sont très proches les unes des autres, voilà pourquoi il y a peu de monde. Nous avons 20 enfants au catéchisme (en comptant l’Éveil à la foi), qui font leur retraite de première communion avec leurs camarades de Saint-Louis. Même chose pour la préparation au mariage : elle est commune à Saint-Paul et nous. Il y a aussi le catéchuménat qui est décanal. Avez-vous vous lu le dépliant du doyenné ? Il doit être à Saint-Denys… Tout y est ! »


Père Pierre Vivarès, curé de Saint-Paul-Saint-Louis

« Notre doyenné est très typé et très identifiable : le Marais est très exactement un quartier de Paris. Un quartier où l’on vient, et non d’où l’on part. Un quartier difficile car à la pointe de la mode, qui prend de plein fouet la déchristianisation, mais aussi dont les habitants sont cultivés, culturellement intéressés. C’est aussi un quartier très cher : le prix de l’immobilier fait fuir les familles.  La population paroissiale est donc fragile. Mais il y a aussi une conscience d’appartenance au doyenné plus forte qu’ailleurs, avec des communautés pourtant diverses et des églises spécifiques. Saint-Paul est très visible, très visitée par les touristes et les Parisiens, richement ornée. La communauté paroissiale (600 paroissiens pratiquants sur 15 000 habitants) doit porter à bout de bras ce gros patrimoine.
Le doyenné, c’est une structure ecclésiale importante : il est bon pour un curé de ne pas être seul dans la relecture de son action. C’est le premier lieu de l’entraide fraternelle entre confrères. Ici, on s’entend tous très bien, on a plaisir à se retrouver et à déjeuner ensemble. C’est aussi une aide matérielle : notre travail commun est intéressant pour la dynamique d’ensemble, et comme on est sur les mêmes réalités sociologiques, on se comprend, on partage sur cette homogénéité. On peut agir ensemble, rencontrer ensemble les autorités civiles, par exemple. Cette année, les conférences de carême en doyenné ont permis de proposer d’autres voix, d’autres prêtres, une diversité d’écoute et de parole.
L’Amour s’incarne toujours. A partir de la paroisse, à partir du concret du présent, on tend vers cette Église universelle qui nous dépasse. »
Propos recueillis par Dominique Th.                    


 

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